En République Démocratique du Congo, un chaos de plus en plus explosif.

La crise en République Démocratique du Congo (RDC) découle d’une série de tensions post-coloniales, après que le pays ait acquis son indépendance vis-à-vis de la Belgique en 1960. Des violences inter-communautaires sont régulièrement recensées. Ces dernières sont représentées par la présence de plus de 100 groupes armés, qui jouent principalement le rôle de milices locales destinées à protéger respectivement chaque communauté dans un contexte de tension ethnique, économique et politique. Cependant, ce terreau de conflits implique également le Rwanda.

En effet, c’est au Rwanda qu’a eu lieu, en 1994, le génocide des « Tutsis » perpétré par l’ethnie majoritaire, autrement dit les « Hutus ». Trois quarts de la population tutsie est victime de ce processus d’extermination systématisée par la machette. Le génocide prend fin avec lorsque le Front patriotique rwandais (FPR), parti politique tutsi dirigé par Paul Kagame, reprend le contrôle de la capitale Kigali. Paul Kagame dirige le Rwanda depuis les années 2000. Le FPR organise alors des représailles terribles à l’encontre des Hutus : après les Tutsis, c’est au tour d’un million de Hutus de fuir le Rwanda vers la frontière rwando-congolaise pour éviter les massacres.

Parallèlement, en 1997, le dictateur de la RDC (autrefois nommée « Zaïre »), Mobutu Sese Seko, est renversé par Laurent-Désiré Kabila grâce au soutien du gouvernement rwandais du FPR (tutsi). Mais le fils de Laurent-Désire, Joseph Kabila, qui lui succède entre 2001 et 2019, ne s’entend pas avec Paul Kagame : il voit dans les guérillas anti-gouvernementales qui font rage dans l’est de la RDC, peuplé de réfugiés rwandais, comme des offensives armées soutenues par le Rwanda. Ainsi, le M23 (« Mouvement du 23 mars », tutsi, fondé en 2012), affronte l’armée nationale congolaise dans le Kivu, et en même temps, les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR, hutues), groupe armé qui a pour ambition de renverser Paul Kigame. De manière très simplifiée : le FDLR est soutenu par la RDC contre Paul Kigame ; le M23 est (officieusement) soutenu par Paul Kigame contre la RDC. Mais il est également à prendre en compte que les sols de l’est de la RDC, notamment au Kivu, sont riches en réserves de coltan: elles constituent entre 60% et 80% des réserves mondiales, et ce minerai disputés par les factions locales est nécessaire à la fabrication des appareils informatiques (smartphones, ordinateurs…). Depuis les années 2000, les conflits ont provoqué 6 millions de morts dans l’Est et des millions de déplacés.

Aujourd’hui, l’armée congolaise est très affaiblie, et doivent collaborer avec des milices privées dont les exactions sont nombreuses. Depuis le début de l’année 2025, les conflits entre le M23 et la RDC, notamment dans le Nord-Kivu, se sont grandement intensifiées : la situation est critique, car le M23 et 3000 à 4000 soldats rwandais encerclent la capitale régionale, Goma, selon l’ONU. Si le M23 et le Rwanda affirment que les offensives ont pour but la défense des Tutsis face aux Hutus du Congo, ayant fui le génocide en 1994 ou les représailles de Paul Kigame, la situation reste floue et complexe. Devant une crise humanitaire catastrophique (1 million de déplacés, bombardements réguliers, accès limité aux services essentiels tels que la nourriture, l’eau et les soins de santé ), l’Union Africaine (UA) a exhorté la « cessation immédiate » des combats ; l’Union Européenne (UE) a appelé le M23 « arrêter son avancée » dans une déclaration signée par les 27 pays membres ; la mission des Nations unies en République démocratique du Congo (Monusco, qui compte 15 000 soldats) a annoncé mobiliser une unité d’élite contre le M23, après la mort de 13 soldats étrangers (sud-africains, malawites et uruguayens).


Le 28 janvier 2025, le M23 prend Goma, et mène aujourd’hui une offensive dans le reste de l’Est de la RDC, notamment vers le Sud-Kivu. Cela fait une craindre une expansion du conflit à la région du fait de l’instabilité. En effet, le 16 février, la ville de Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu, tombe chaotiquement aux mains du M23, et se rapproche désormais d’Uvira, en face de la capitale économique du Burundi, Bujumbara. Plus de 42 000 personnes, en majorité des femmes et des enfants, ont émigré vers le Burundi voisin, selon le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR), soulignant un afflux « inédit depuis vingt-cinq ans ».

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